Le Schisme d’Irshou, retranscrit par Saint Yves d’Alveydre.

Un peu avant le Kali-Youg, disent les livres sacrés des Brames,
près de trente-cinq siècles après Ram,
un peu plus de trente-deux siècles avant Jésus-Christ,
l’Empire universel du Bélier reçut, à son centre même,
son premier germe de maladie et de dissolution.
La fonction du Kousha de l’Inde était devenue héréditaire,
et la famille impériale fut alors en dissension,
grâce à deux frères, dont on peut lire la légende exotérique dans les Pouranas,
et principalement dans le Scanda-Pourana et dans le Brahmanda.
L’empereur Ougra venait de mourir, et son fils aîné, Tarak’hya, lui avait succédé.
Le fils cadet, Irshou, Régent des Provinces, était extrêmement ambitieux,
et ne pouvant atteindre le souverain Pouvoir par les voies légales et légitimes,
il provoqua un schisme, afin de chercher un sceptre dans une révolution.
Après avoir formé son état-major des ambitieux et des mécontents des hautes classes,
il suscita la désaffection et la révolte des classes inférieures des villes et des campagnes.
Tarak’hya, à la tête de toute l’organisation régulière de l’Empire,
dut réprimer et expulser du pays cette révolution
qui prendra dans l’Histoire divers noms, suivant les contrées.
Aux Indes, ce sera la guerre civile des Yonijas.
Sur toutes les côtes du golfe d’Oman, du golfe Persique et du golfe Arabique,
ce sera le mouvement des Phéniciens, des Érythréens, des Rouges,
à cause du drapeau de pourpre sur le fond duquel s’armoriait la Colombe ponceau,
que l’impérial révolté avait prise pour blason de son étendard.
En Égypte, ce sera plus tard l’invasion des Hiksos, ou Irshouïstes ;
et cette invasion donnera à ce pays les pharaons arbitraires,
les despotes schismatiques, connus sous le nom de Rois Pasteurs.
En Assyrie, en Syrie, ces Yonijas de l’Inde
fonderont tous les temples ioniens ou naturalistes,
et susciteront partout des révoltes à tendance pseudo-républicaines,
jusqu’au moment où ils pourront s’emparer du Pouvoir militaire,
pour constituer le Césarisme flétri par Moïse sous le nom de Nemrod,
la voie du tigre , le Cycle de l’arbitraire, et de la Force primant le Droit.
En Syrie comme partout, ils écraseront l’ancienne Synarchie et ses pouvoirs trinitaires,
pour multiplier à l’infini les pouvoirs personnels, monarchiques ou oligarchiques.
Et leur souvenir se perpétuera dans la mémoire des hommes sous différents noms :
Iduméens, Pallantis, Philistins, etc., etc.
A l’ancien droit des gens de la Théocratie de l’Agneau,
à l’ancienne hiérarchie des souveraineté de Justice de l’Empire du Bélier,
ils opposeront une loi nouvelle, marquée du caractère publique.
Cette Loi sera celle du Taureau ; et en effet, le César de Babylone opposera
le Touran et les Touraniens dissociés de leur antique Alliance
à l’Empire arbitral du Bélier, et à toutes ses divisions juridiques.
Ce Césarisme arbitraire ira plus loin encore, et s’alliant avec les Celtes d’Europe
restés fidèles à l’ancienne Loi sanglante du Taureau zodiacal,
il portera la guerre jusque dans les colonie européennes de l’Empire du Bélier,
ayant pour cœur et pour cerveau les temples de la Théocratie de l’Agneau.
Telle est la révolution universelle par laquelle, jusqu’à nos jours,
fut brisée l’ancienne hiérarchie de Pouvoirs sacerdotaux et juridiques,
qui avait, pendant tant de siècles, donné au Monde
la plus grande somme de paix internationale,
de liberté locale et de bonheur général dont il puisse jouir.

Avant d’entrer, au point de vue des sciences sociales,
dans l’analyse des conséquences du schisme d’Irshou,
je dois en faire toucher au lecteur les causes,
non seulement telles que les livres exotériques de l’Asie nous les présentent,
mais telles aussi que les connaissent les Savants religieux de ce Continent,
qui, j’en suis sûr, ne me désavoueront pas.
Mais ici, je prie le lecteur de se souvenir
qu’au moment de l’Histoire où se placent ces faits indéniables,
l’ancien Monde, l’ancien Cycle fondé par Ram
avait atteint un degré de culture scientifique peu ordinaire.
C’est pourquoi nous allons voir Irshou, avant de recourir aux armes,
affirmer son opposition dans l’Intelligence pure
et dans le domaine des Principes les plus transcendants.
Comme tous les schismatiques, tous les sectaires et tous les révolutionnaires du Monde,
sauf de bien rares exceptions,
Irshou fut un ambitieux, un impuissant à reconstruire ce qu’il coulait détruire, pour s’y substituer.
Dans un ordre autrement important, il ne fut, comme Luther,
que le boute-feu plus ou moins conscient de l’immense incendie qu’alluma son étincelle.
La cause intellectuelle qui rendit possible ce sectaire, remonte plus haut que lui,
et nous devons nous y arrêter quelque temps.
La quadruple hiérarchie de sciences léguée par les temples de la Race rouge
au sacerdoce de la Race noire et par ce dernier à la Théocratie de Ram,
ramenait mathématiquement et géométriquement toutes les sciences et tous les arts
à l’Unité divine, Iod, Wodh ou Boudh.

Cette science de méthode, que je désignerai sous les noms
d’Arithmétique et de Morphologie qualitatives,
est la seule en effet qui permette à l’intelligence humaine
de remonter de degré en degré tous les échelons de la Vérité, avec exactitude,
et non pas dans le simple mirage imaginatif des fantaisies exotériques
de la Théologie ou de la Métaphysique.

Or, si cette science de méthode n’était accessible que dans les temples,
l’art expérimental qui en résulte, et qui est lui-même mathématique et géométrique,
était dans les mains de tout le monde.
Je ne nommerai point ici cet art,
et je continuerai l’Histoire des causes du schisme d’Irshou,
sans en soulever les voiles plus qu’il ne convient.
L’Unité divine représentée sous le nom de Wodh
était considérée comme insaisissable dans son essence,
en dehors de la Synthèse des sciences.
Sa première manifestation,
la seule qui fût biologiquement accessible à l’Âme et à l’Esprit humain,
était envisagée comme Dyade androgynique éternellement et indissolublement unie.
Cette Dyade, cette Union manifestant l’inaccessible Unité
s‘appelait dans les sanctuaires I-ÉVÉ, Iswara, Pacriti, Osiris, Isis, ect… ect…
C’est Elle que Moïse tirera plus tard des sanctuaires d’Égypte et d’Éthiopie,
et que le grand Prêtre hébraïque, une fois l’an, devant les prêtres seuls,
prononçait à l’antique, en trois fois : IOD, ÉVAUÉ ; IODÉVÉ ; IÉVÉ.
Tel est le Dieu créateur, Père et Mère, de Moïse, dont les quatre lettres
correspondent, comme je l’ai dit, aux quatre hiérarchies de sciences ;
dont la première lettre exprime le Principe Masculin universel ou l’Esprit de l’Univers ;
et dont les trois autres lettres expriment
le Principe Féminin universel ou l’Âme de l’Univers, la Vie.

Toute la suite de symboles numériques ou mathématiques, après la Monade et la Dyade,
formaient la chaîne indiscontinue de l’Arithmologie qualitative,
ayant ses équivalents qualitatifs dans le monde des formes hyper-physiques et,
consécutivement, dans ce que nous nommons improprement la géométrie,
dont le vrai nom est Morphologie.

Je ne saurais ici entrer dans les détails de ces sciences perdues ;
mais elles étaient nullement méprisables,
même et surtout pour les Savants les plus ambitieux de la Vérité.
Pour nous autres, Judéo-Chrétiens,
cet aspect qualitatif des sciences mathématiques et géométriques est incontestable,
puisque, en dehors de leur application à l’architecture sacrée et à toute la symbolique du culte,
nous lui devons encore certains termes théologiques,
sans bases positives et sans explication possible, si ce n’est grâce à ces mêmes sciences.
En effet, nous faisons couramment usage encore
des mots Unité de Dieu, Dualisme, Trinité ou Trinitarisme, ect.
qui expriment tout autre chose que les quantités se rapportant à ces symboles numériques.
Ceci dit, j’insisterai particulièrement sur ce fait
que la Divinité considérée comme créatrice de l’Univers
n’était nullement envisagée sous l’aspect d’un dualisme,
c’est-à-dire de l’opposition de deux Principes adverses,
ainsi que le fera bientôt le premier Zoroastre.
Iswara-Pracriti, Osiris-Isis, I-ÉVÉ, étaient, encore une fois, considérés comme une Dyade,
comme l’indissoluble Union biologique à laquelle l’Univers doit son existence.
Toutes les sciences permettaient en effet de constater les deux aspects concordants,
quoique inversement proportionnels, de la Vérité, l’un intelligible et descendant,
d’où l’idée purement scientifique de la Chute,
l’autre sensible est ascendant, d’où la Perfectibilité
s’élevant d’autant que la Perfection s’abaisse en elle.
Dans l’Empire indien dans ses royaumes et dans ses colonies,
les mondains quelque peu instruits n’avaient pas plus de doute sur ces Principes
religieusement et scientifiquement démontrés,
que les membres du Conseil des Dieux et que le Conseil de Dieu lui-même.
Tout homme et toute femme avaient également cette certitude,
qui constituait dans les Mystères, la grande et sainte autorisation du mariage,
l’illumination intérieure de la Vie d’en bas,
avec sa porte de lumière ouverte sur la Vie d’en Haut :
Culte des Ancêtres et générations, Vénération et Amour.
Tous savaient que, depuis l’Univers et les grands Êtres cosmogoniques,
jusqu’au derniers des plus humbles des animaux, et des végétaux sur cette terre,
toute existence résulte d’un double mouvement génésique et générateur,
intelligible et sensible, spirituel et hyperphysique.

Jusque-là, aucune cause de schisme.
Mais Irshou, n’ayant pas parcouru les degrés supérieurs de l’Initiation,
voulut, sans science et sans guide, aller au-delà de ces données.
L’Unité, l’Universalité, la grande Union Créatrice,
étant l’Éternel Masculin et l’Éternel Féminin,
Esprit et Ame, Essence et Forme, Temps sans bornes et Espace illimité.
Le schismatique posa, en dehors des temples, les interrogations suivantes :

Est-ce au Dieu mâle ou à la Nature féminine,
à Iswara ou à Pracriti, à Osiris ou à Isis, à Iod ou à ÉVAUÉ ?
En tombant à genoux devant le plus grand Dieu qui nous soit accessible,
en évoquant le feu du ciel sur l’autel, faut-il dire d’abord notre Père ou notre Mère ?
Le Nom sacré, comment le sanctifier dans la science et dans la Vie,
à tous leurs degrés visibles ou invisibles ?
La concordance, l’union, l’harmonie inséparable des deux Principes biologiques,
n’impliquent pas,
soit que l’Un ne puisse être supérieur à l’Autre,
soit que l’Un n’ait pas été et ne soit pas plus accessible
et plus directement bienfaisant que l’Autre
pour l’être existants, l’Homme y compris

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

Dans ce doute, ajoutait le sectaire,
pourquoi l’Homme aurait-il le pas sur la femme,
non dans la loi exotérique, mais dans la loi ésotérique ;
non dans la vie civile et politique, mais dans la vie religieuse et sociale,
à l’autel du foyer, à celui des temples, à l’autel suprême du Souverain Pontificat ?
La Femme est-elle donc moins digne que l’Homme
d’aimer, de comprendre, d’adorer, de célébrer l’Unité,
l’Union de l’Esprit et de l’Ame universels, de l’Époux et de l’Épouse ?
Depuis quand, continuait Irshou dans ses paroles et dans ses écrits,
la Divinité a-t-elle révélé, par quelque signe que ce soit,
que les lèvres des femmes fussent indignes de la liturgie,
leurs mains du calice et du tabernacle, leurs genoux des marches saintes,
leurs cœurs, leurs âmes, leurs esprits du Pontificat,
leurs têtes de la mitre et de la tiare ?
Aucun sacerdote, nul fondateur de culte,
n’a jamais osé formuler ouvertement une pareille proscription,
et la question a toujours été suspendue, escamotée au profit de l’homme :
pourquoi ?
La Nature céleste, notre Mère, n’est-Elle pas indissolublement unie à Dieu,
n’est-Elle pas jusqu’à l’Infini et jusqu’à l’Absolu
indivisiblement associée à ses pensées vivantes,
qui sont les germes spirituels de tous les Systèmes solaires ?
Elle témoigne du contraire, en rendant ces pensées manifestes,
et en leur prêtant force de Vie et d’Existence cosmogonique.
Pourquoi, alors, le Masculin et le Féminin
ne seraient-ils pas égaux en droit religieux,
et ne rendraient-ils pas également le même hommage sacramentel
à ce qui les autorise du haut des Cieux ?

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

Ainsi parlait et écrivait Irshou ; et les conservateurs troublés
répondaient comme il suit à cet ambitieux révolutionnaire :
Si la Femme s’élève au Sacerdoce public,
montera-t-elle à l’autel du temple en même temps que l’Homme,
offrira-t-elle son sacrifice à un autel différent ?
Pourquoi soulever de semblables questions
en dehors du Conseil des Dieux et du Conseil de Dieu ?
Alors, on rappelait qu’en Europe, il y avait toujours des Druidesses,
et qu’aux Indes, avant Ram la Dynastie lunaire avait existé conjointement
avec la Dynastie solaire, jusqu’à Daçaratha.
En Europe, dans l’Instinct, en Asie dans l’Intelligence et dans la Science pures,
le problème avait donc été jadis, non seulement posé,
mais résolu en faveur de l’égalité.
Je pourrais donner des preuves mathématiques de la science étonnante
dans laquelle la résurrection de ce problème se posa de nouveau ;
mais je me suis interdit de faire autre chose
que d’entr’ouvrir le voile de la Tradition ésotérique assez,
mais pas plus qu’il n’est nécessaire, pour éclairer les faits extérieurs.
Comme ces interrogations avaient lieu en pleine opinion publique,
parmi des milieux intellectuels et moraux absolument sincères
dans leurs informations et dans leurs convictions,
comme la Religion scientifique d’alors
portait ses fruits de tolérance et de droiture universelles,
la solution eût été facile, par la Science et par la Religion même,
si l’intérêt d’Irshou n’avait pas été de tout brusquer.
Fut-il sincère, mais aveugle, ou joua-t-il un jeu ?
Toujours est-il qu’il prit brusquement parti,
avec une passion d’autant plus dangereuse qu’elle était entraînante,
pour l’excellence d’ÉVÉ, de Pracriti, d’Isis, de lÉternel Féminin sur l’Éternel Masculin,
de la Nature sur Dieu, de l’Ame sur l’Esprit.
Il fit systématiquement dans la Science, ou plutôt dans l’Art dont j’ai parlé,
et qui était entre les mains de tous, ce qu’en Europe, l’expérimentalisme ressuscite
dans l’ordre des Sciences physiques depuis Bacon jusqu’à nos jours, sans parti pris,
à côté, en dehors, mais à l’encontre de la théologie et du dogmatisme des Clercs.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

Sans nier l’Ordre spirituel, qui était alors scientifiquement démontré,
ni encore moins l’Ame du Monde dont les preuves étaient partout,
il revendiqua comme plus directement bienfaisant pour les êtres vivants
l’Ordre formel, le Féminin Universel,
d’où sortent immédiatement toutes les manifestations quelles qu’elles soient.
C’est la Mère, avant tout, qu’il faut invoquer, déclara-t-il dans les assemblées.
C’est la Nature qui donne à tout, êtres et choses,
un espace, un milieu de formation propre, une substance et une subsistance,
l’Ame, le Corps, la Vie réelle, individualisée, la Loi de toute Vie et de toute chose.
Sans Elle que serait l’Univers et tous les Mondes infinis
et tous les milliards d’êtres qui participent de sa Vie,
depuis le Daïmon souterrain jusqu’au Dieux du Ciel supérieur.

Ce qu’ils seraient, le voici :
une pensée occulte, en germe dans l’Esprit pur, une possibilité dans Iswara,
mais nullement un acte réalisé par Pracriti.
Tout ne serait donc Rien ; et l’Univers n’existant pas, nulle prière d’être existant
ne chercherait Celui qui ne serait jamais Père, n’étant pas Époux.
C’est donc à la Mère que nous devons tout d’abord la prière,
puisque c’est à Elle que l’Univers tout entier
doit d’exister, de vivre, de sentir, d’assentir.
Ram n’a-t-il pas dit autrefois :
le champ vaut plus que la semence, la vierge que l’homme vierge,
la femme que l’époux, la mère que dix mille pères ?
Il a dit vrai : mais il faut en tirer les justes conséquences.
Les deux premiers Conseils citèrent Irshou à leur tribunal ;
et le Pontife lui répondit ce qui suit :
Tu n’as rien dit qui ne soit connu de tout temps.
La science des Principes pas plus que celle des Origines,
la méthode intelligible et descendante pas plus que la méthode sensible et ascendante,
n’infirment le fond de tes paroles, quel que soit le sentiment qui les inspire.
Oui, l’Univers est le fils vivant de l’Union par laquelle se crée l’inaccessible Unité.
Oui, sur tous ses soleils embrasés d’un feu et d’une lumière
qui ne sont pas seulement physiques, mais hyperphysiques,
il célèbre à jamais cette Union éternelle des Deux qui ne font qu’Un.
Mais d’une majeure juste et de Principes vrais, un esprit égaré par une âme passionnée
peut tirer des conclusions fausses.
Or la passion obscurcit ta pensée,
quand tu veux que la prière monte d’abord à la Mère, à l’Ame universelle, à la Vie,
puisque cette Puissance Créatrice de l’Univers est Père et Mère à la fois.
Pourquoi divises-tu l’Indivisible Union de l’Esprit et de l’Ame universels,
de Dieu et de la Nature ?
Pourquoi veux-tu qu’on prie l’Un avant l’Autre,
quand leur sagesse et leur Amour mutuels ne font de l’Un et de l’Autre
qu’un seul et même Esprit de Vie et de Vérité ?
Tu as besoin de venir encore et longtemps t’instruire et méditer parmi nous.
Tu as besoin de quelques années d’entraînement
dans les sciences et dans les arts psychurgiques, grâce auxquels,
du fond de nos cryptes sacrées, les yeux ouverts et en pleine possession de toi-même,
ton âme affranchie des liens du corps pourra remonter dans cette Ame universelle,
et faisant usage de tous ses sens internes, voir, entendre et sentir
les leçons des Dieux supérieurs, les enseignements directs des Esprits glorifiés.
Car ce n’est qu’au prix de cet immense effort
qu’on peut atteindre biologiquement l’Unité de la Vie et de la Connaissance.
Car si l’on ne passe pas ainsi, dès cette existence, par la porte de la Mort,
pour renaître à l’Universelle Vie cosmique, comment peut-on parler,
avec expérience et justesse dans l’observation, des questions que tu soulèves si imprudemment !

Avant de te condamner nous voudrions te guérir ; et tu en as grand besoin ;
et nous le pouvons, si tu le veux de toute ton énergie.
L’AME, POUR RÉFLECHIR LA VIE CÉLESTE ET LA DIVINE VÉRITÉ,
DOIT ÊTRE CALME DANS SA TRIPLE SPHÈRE, DANS SES HAUTEURS INTELLECTUELLES,
DANS SON MILIEU PASSIONNEL, DANS SES PROFONDEURS INSTINCTIVES.
Sinon, crains de porter au dehors la tempête qui t’agite en dedans,
et de changer en discorde civile la Paix de cet Empire, tête du Dieu Social,
réalisé par Ram sur cette Terre comme au Ciel.

Oui, la guerre est en moi, répondait Irshou ; mais qu’y puis-je ?
Si je me sens le fils de la femme, avant de me sentir le fils de l’Homme,
si mon cœur bat pour notre Mère visible dans les Cieux et sur la Terre,
avant de battre pour notre Père invisible : qu’y pouvez-vous ?
C’est au premier bienfait qu’est le premier amour.
Ce bienfait n’est pas le Principe, mais l’Origine ; c’est la Naissance, la Vie.
Il vient à l’Enfant par la Femme, à l’Univers entier par cette Femme des femmes, la Nature.
Vous me direz qu’elles engendrent dans la douleur,
l’Une pour la durée terrestre, l’Autre pour le Temps sans bornes.
Je le sais ; mais une fourmi peut réparer l’injustice d’un éléphant ;
et cette douleur m’est une raison de les chérir mille fois davantage,
et de vouloir mille fois plus éclatantes leur glorification et mon adoration.
Je ne veux pas manquer au respect que je vous dois ;
mais pourquoi voulez-vous éluder devant le public
la question qui se pose depuis si longtemps
dans les intelligences et dans les âmes, dans les temples et dans les foyers ?
Vous espérez l’atermoyer sans cesse,
en vous appuyant toujours sur ce qui fut et sur ce qui est,
faute, peut-être, d’être bien certains de ce qui doit être,
et des moyens de vous concilier ce qui doit advenir.
Mais ce que votre science ne peut pas ou ne veut pas résoudre,
mon amour en sait assez pour le vouloir et le pouvoir.
Je veux qu’aussi bien que les hommes,
les femmes aient leur Sacerdoce à elles, la mitre, la tiare.
Je veux que la Nature, l’Ame de l’Univers, la Vie,
ait ses autels séparés desservis par un Sacerdoce féminin.
Suis-je impie, dites-le ; suis-je injuste, osez l’exprimer publiquement !
J’en appellerai à tous, et ceux qui m’aiment me suivront.

Ah ! reprenaient les Pontifes, malheur aux peuples, si l’Amour seul les dirige ;
car la haine se mettra sans recours parmi eux.
L’Amour est le feu cosmique lui-même, dont la Sagesse est la Lumière ;
et tu veux ôter cette Lumière du Gouvernement des Ames.
La Vérité et la Vie universelles habitent nos temples ;
la Science intégrale a, comme cette Vérité et comme cette Vie, quatre hiérarchies ;
le Nom ineffable à quatre lettres ; et, de ces quatre,
tu veux supprimer la Première, que tu ne connais pas.
Ecoute, et si tu peux être rappelé à la lumière, médite après avoir entendu.
C’est pour éviter mille maux publics et privés
que nous atermoyons ce que tu veux précipiter.
La sagesse est lente, elle ne se manifeste par de nouveaux rites
que si les mœurs l’exigent absolument.
La précipitation est une marque de folie,
et l’Amour ni la passion n’en conjureront les dangers.
Ces dangers sont immenses, et attendre est un moindre mal que d’y recourir.
Faut-il t’éclairer encore ? Soit.
Du jour où tu auras divisé l’Indivisible, dissous l’Indissoluble,
non en Lui-même : tu n’y peux rien mais dans la pensée des ignorants ;
du jour où, grâce à toi, la Nature aura ses autels séparés,
en opposition avec ceux de Dieu, avec un collège de prêtresses,
en opposition avec le nôtre,
l’Odre Social chancellera sur les bases de ses hiérarchies arbitrales, trente-cinq fois séculaires.
Dans la Science comme dans la Vie, le Dieu social terrestre,
l’antique Synthèse unitaire sera démembrée,
et un désordre épouvantable s’ensuivra immanquablement dans les faits.
Profondément inégaux d’intelligence et de volonté,
la plupart des hommes méconnaîtront les vérités qu’ils ne pourront atteindre,
et que tu auras mises à la merci de l’opinion et des passions publiques.
Ils ne percevront comme vraies que les apparences
que la sensation ou le sentiment offriront à leur seule raison ;
et ils deviendront le jouet de phénomènes,
et ils s’éloigneront de nous qui, seuls, pourrions les rectifier,
par la graduation lente des enseignements et des révélations.
Au-dessous de cette catégorie d’hommes rationnels,
un plus grand nombre confondra immanquablement
la Nature céleste avec la Nature terrestre ;
ils prendront l’effet pour la cause et se perdront dans le matérialisme irréel et sans fond.
Chez les premiers, la Volonté arbitraire se divisera sans cesse contre elle-même.
Chez les derniers, l’Instinct originel et sauvage de l’homme terrestre réapparaîtra tout entier.
Les uns mèneront les autres à leur perte,
en commençant par l’assaut de l’Ordre social et intellectuel qui, seul, les maintient en paix ;
et sur ses débris, ils se dévoreront vainement dans la compétition d’un Pouvoir impuissant,
sans Autorité pour l’éclairer.
Prends garde, fils de la Femme !
Tu sais par ta propre famille combien la Paix est difficile,
quand la jalousie et l’ambition peuvent se donner carrière.
Il en serait ainsi, non seulement sur la Terre, mais dans le Ciel
que les Ames se font dès ici-bas à leur image, si, dans ces Ames,
l’idée vivante de la Nature devenait veuve de celle de Dieu.
Un petit nombre d’hommes seulement peut s’élever jusqu’à la première lettre du Nom sacré,
jusqu’à la quatrième hiérarchie de la Vie et de la Science, et cela, par la force de leur méditation,
par le pouvoir de l’observation et de l’expérience directes,
quand les Puissances intelligentes du Ciel le veulent,
quand la Divinité met son Esprit de Sagesse dans l’intelligence et dans leur science acquise.
Sais-tu ce que dit alors la Science complète, miroir de toute la Vie, image de toute la Vérité ?
Le voilà : Synthèse, Union, Unité.
Et, si cela est ainsi dans l’Intelligence totalement informée par la Science et par la Vie,
dans les Noces suprêmes de l’Époux et de l’Épouse célestes,
c’est que cela est éternellement dans la totalité de la divine Sagesse et du divin Amour,
sans lesquels, tu l’as dit, Tout ne serait Rien.
L’Ordre ascendant des individus et des faits physiques existants est accessible aux sens,
et peu d’hommes pourtant comprennent cet ordre, qui constitue par en bas,
la première hiérarchie des sciences.
Tous, dans l’adoration de Pracriti séparée s’Iswara,
n’entreverront, tout au plus, que cet Ordre physique, terrestre.
Pourtant, il n’est que l’escabeau de la totale Nature, dont la tête va jusqu’au haut des Cieux.
L’Ordre descendant du Père, de l’Esprit pur
à travers les règnes cosmogoniques, à travers les Esprits cycliques de toute chair
jusqu’aux individus physiques, est purement intelligible.
Pas un homme sur dix mille ne peut aborder la hiérarchie de sciences
qui correspond à cet ordre masculin, ni le comprendre sans symboles,
fruits d’un Art précis qu’autorise cette Science transcendante.
Ton culte voilera cet Ordre tout entier.
Alors, aucune Vérité universelle ne se fera jour dans l’intelligence pure,
aucun Principe dans la Science, aucune cause véritablement scientifique dans la Raison.
Car tu sais aussi bien que nous, que la Raison peut tirer des conséquences logiques
d’un point de départ vrai ou faux, mais que jamais elle ne peut trouver,
en elle-même et par elle seule, une Cause ni un Principe universels, si l’Intelligence ne les lui fournit.
Or, comment les lui fournira-t-elle, si, au sommet du Culte et de l’Université que tu veux créer,
tu mets l’Amour avant la Sagesse, l’Ame avant l’Esprit, l’Épouse avant l’Époux,
la Nature céleste avant le Dieu du Ciel ?
Toute science non phénoménale s’éteignant,
toute initiation de l’Intelligence aux Principes cosmiques se fermant,
toute pensée d’Universalité se particularisant,
nulle hiérarchie intelligible, nul gouvernement intelligent des Sociétés
ne sera bientôt plus possible.
Toute élévation s’abaissera dans la commune médiocrité,
toute dignité impersonnelle dans la personnalité et dans le matérialisme gouvernemental.
Dans le Souverain Pontife, on ne saura plus voir le Souverain Pontificat,
dans le Prêtre le Sacerdoce, dans l’Empereur l’arbitre des Rois,
dans le Roi l’Arbitre des vice-rois, dans le Vice-Roi l’Arbitre du Conseil économique des Anciens,
dans le Conseil des Dieux la Magistrature de l’Initiation,
dans le Conseil de Dieu l’Autorité de tout l’Enseignement à la fois,
dans l’homme riche la Richesse publique.
or, toutes ces choses, Pontificat, Sacerdoce, Royauté, Enseignement, Justice, Richesse,
ne sont que des formes intelligibles, des organes invisibles, impersonnels,
de ce Corps spirituels et vivant des Sociétés que tu vas tuer.
Dans l’Homme en fonction générale de Pontificat, de Sacerdoce, d’Empire,
de Royauté, de Magistrature, de Richesse, les naturalistes ne verront plus
que l’individu de chair et d’os revêtu d’oripeaux, dans le sens symbolique,
dont la forme intelligible s’évanouira pour eux.
Au foyer, dans l’Ancêtre, dans les Grands-Parents, dans le Père, dans la Mère, dans le Frère aîné,
on cessera de voir également l’adombration céleste des Fonctions impersonnelles de l’Ordre familial.
Un père sera un homme, comme tous les autres hommes ;
une mère une femme, comme toutes les autres femmes ;
et l’enfant, secouant tout devoir réel, dicté par la Sagesse,
revendiquera tous les droits fictifs de sa folie.
Les âmes des Ancêtres cesseront d’apparaître aux yeux, n’apparaissant plus dans les intelligences surbaissées.
Le passé ne contenant plus le présent, tout tombera vers l’avenir, pur néant,
que l’homme réalise à son image ; mais cet avenir redeviendra l’inconnu et l’imprévu.
Car, au lieu de déterminer les événements,
au lieu de diriger scientifiquement le cours des choses sociales et individuelles,
on en sera de plus en plus le jouet,
grâce à l’ignorance, grâce à la rupture de l’Unité de la Connaissance et de la Vie.
Dans la science divisée, l’Univers mourra,
ou plutôt l’Esprit humain cessera de connaître l’Univers dans sa triple Vie,
de sentir son Ame, d’assentir vitalement à son Esprit.
C’est à peine si le squelette inanimé de la Cosmogonie subsistera dans la Cosmographie
et dans une conception purement rationnelle, mécanique, mortuaire des phénomènes célestes.
L’éphémère pensant doutera que l’Univers soit un être vivant et intelligent, l’Être des êtres.
La Terre lui apparaîtra comme une machine engendrant, d’une manière inexplicable,
la Vie pour la Mort, comme une matière brute d’où sortent et où rentrent
des atomes uniquement en proie à des Forces brutales.
La biologie de ce Globe ne viendra plus de l’Univers ;
elle ne procédera plus divinement de haut en bas, ni des Principes,
mais matériellement de bas en haut et des Origines.
De sorte que toutes les notions s’éclairant d’une lueur fantastique, infernale,
jailliront, non des sommets célestes de l’Intelligence, mais de l’abîme démoniaque des Instincts.
Le Père immédiat de la Vie humaine sera le singe des forêts ;
le Père de toute la Vie d’ici-bas sera l’infusoire reptiforme ;
ma Mère sera la glu marine, la boue terrestre.
Et la chaîne des êtres s’élevant jusqu’à l’Homme le retiendra captif dans l’animalité,
à l’envers de son âme, aliéné de son propre esprit, prisonnier de la Matière,
ébauche incompréhensible à elle-même,
placée aux limites de deux Mondes dont l’un n’existera plus,
monstre à moitié pensant sous l’excitation des choses visibles,
idiot sans elles et en dehors d’elles, perfectible dira-t-on,
mais incapable d’aimer et de comprendre la Perfection.
Et si nous voulions ici montrer les conséquences que ta folie entraînera dans l’Ordre invisible,
peut-être le remords naîtra-t-il en toi.
L’homme crée son Ciel d’outre-tombe, dès cette vie et selon l’énergie créatrice de sa vie.
Actuellement, le Ciel des Ames de cette Terre est une Société divine,
heureuse, harmonieuse, unie comme l’État Social terrestre que Ram a fondé,
et que nous conservons.
Mais que la hiérarchie des Pouvoirs arbitraux,
que le Règne actuel de la Synarchie trinitaire
vienne à tomber en morceaux sous les coups de l’Anarchie,
les Puissances terrestres en s’opposant les unes aux autres,
opposeront leurs Esprits collectifs, et les Dominations se dévoreront entre elles,
dans le Ciel propre aux homme de ce Globe comme sur la Planète même.
Tu mettras donc l’Enfer dans l’Ordre invisible comme dans l’Ordre visible de ce Cycle humain,
en donnant le pas aux passions individuelles
sur les intelligences consciemment et sciemment ralliées à l’Ordre universel.
Mais quittons ce sujet, pour nous borner à la Terre seule.
Tel est l’Intellect enseignant, telle est la Société des hommes.
Telles sont les idées semées,
tels sont aussi les faits moissonnés dans l’ordre ou dans le désordre social.
Les hommes à ton image seront forcément de troisième caste ontologique.
Le cercle de leur vie se bornera à la spéculation des phénomènes et des intérêts matériels.
Analystes par essence, ils seront incapables de toute Religion,
ou, ce qui revient au même, de toute Synthèse intellectuelle ou sociale.
Anarchistes par manque de Synthèse,
ils voudront pourtant dominer ce qu’ils ne sauront régir.
Aussi, écrasant la tête et le cœur de l’ancien Dieu Social,
assoieront-ils leur sanglant arbitraire sur les ruines de notre arbitrage,
leur Anarchie gouvernementale, leurs Pouvoirs personnels
sur les débris de nos trois Pouvoirs et de notre Synarchie sociale.

Ah ! Irshou ! Irshou ! si tu avais comme nous la vue directe de l’Esprit,
tu pleurerais sur toi et sur la Race d’hommes que ta pensée va procréer.
Tu les verrais tomber du Règne de la Providence dans la tyrannie de la Fatalité,
dans la division des volontés dirigeantes, dans la compétition et la manducation mutuelles,
et devenir à la fois, d’un bout du monde à l’autre, leurs bourreaux et leurs victimes.
Ils ne comprendront plus la Liberté dans le sens physiologique et sain de nos Principes,
où le bien de chacun vient du bien de tous et du Souverain Bien.
La leur consistera à faire tomber le Ciel Social sur leur tête,
et à courir au hasard sous la pluie des fatalités évoquées par eux.
Pourquoi un Souverain Pontife au-dessus de nous ? diront tes Pontifes.
Pourquoi un Empereur au-dessus de nous ? diront tes Rois.
Pourquoi un Roi au-dessus de nous ? diront tes peuples.
Pourquoi une Vérité au-dessus de moi ? dira l’ignorant ou le demi-savant.
Pourquoi un Juge au-dessus de moi ? dira le criminel.
Et l’État Social, dissocié, opposera entre eux ses membres ensanglantés,
entrechoqués par ta fièvre insensée, dans des guerres et dans des révolutions sans fin.
Dans cette universelle maladie, chacun cherchera son bien dans le mal commun,
les Pontifes aux dépens du Souverain Pontife, les Prêtres aux dépens des grands prêtres,
l’Empereur aux dépens des trois Pouvoirs Synarchiques, les Rois aux dépens de l’Empereur,
le dernier des ambitieux aux dépens des rois, les enfants aux dépens des parents,
chacun contre tous, tous contre chacun.
Et un jour les peuples retombés dans toutes les divisions de la mort sociale,
gémissant dans la nuit de l’ignorance, sous le glaive des iniquités gouvernementales,
sous les chaînes de l’esclavage militaire, sous l’écrasement de toutes leurs ruines,
n’ajouteront même plus de sens scientifique, d’intelligence organique,
de signification vivante, à ces mots : Religion, Justice, Économie.
Ils maudiront toute Autorité confondue avec le Pouvoir,
ils perdront jusqu’au souvenir
de l’ancienne Sagesse, de l’ancienne Alliance, de l’ancienne Paix universelle,
et se maudissant les uns les autres à travers leurs cultes,
leurs gouvernements et toute leur vie pire que la mort,
ils seront ici-bas, dans l’Enfer présidé par le Mal et gouverné par la Nuit.
Nous pourrions te frapper dès maintenant ; mais nous sommes l’Autorité et non le Pouvoir ;
et, si nous avons le devoir d’éclairer ta pensée,
nous n’avons pas le droit de préjuger tes actes en attentant à ta liberté ou à ta vie.
Nous te convions à l’Ordre universel du Bélier, à la Paix universelle de l’Agneau.
Sois libre d’y rester, ou d’en sortir par l’épée,
en provoquant l’épée, en mettant à mort le Dieu Social.
Quant à nous, nous ne devancerons pas l’heure d’une innovation religieuse,
que les mœurs ne réclament pas ;
mais quand cette heure aura sonné, nous saurons faire avec sagesse,
avec science et avec art, ce qui devra être accompli.
J’ai tenu à faire parler directement dans toute leur force le Naturalisme d’Irshou
et l’Unitarisme trinitaire et synthétique du Sacerdoce de Ram.
Ces mêmes questions reviennent se poser, à leur heure cyclique, dans toutes les Sociétés,
depuis l’enfance des Races humaines, jusque dans leur âge mûr,
jusque dans leur vieillesse et leur renaissance ;
et nulle Synthèse sociale, nulle Religion positive ne peut les éviter.
Intact depuis près de trente-six siècles,
l’État Social de Ram n’est vulnérable que sur ce seul point :
l’égalité religieuse des Sexes jusqu’à la tiare inclusivement.
Or, comme il était impossible de démontrer
que l’Univers vivant ne fût pas le produit de l’Union vivante de deux Puissances,
l’Une spirituelle, l’Autre passionnelle,
il n’y avait aucune raison pour que les deux Sexes ne fussent point égaux
jusqu’au sommet de l’État Social lui-même,
à moins que l’on ne prouvât scientifiquement que,
dans la génération des êtres humains, comme dans celle de l’Univers vivant,
le Masculin eût une part physique, morale et intellectuelle plus considérable que le Féminin.
Au-dessus de la Dyade, les Brahmes et les Lamas auraient pu provoquer l’insondable Wodh.
Mais ce premier Principe encore plus inaccessible à la masse,
ne saurait donner lieu à aucun culte extérieur ;
et, à cause de son inaccessibilité même,
entraînerait invinciblement l’athéisme gouvernemental et individuel.
Pour que l’Unité de Dieu ne fasse pas tomber les Sociétés humaines
dans l’athéisme gouvernemental et individuel,
il faut que celles-ci soient assez scientifiquement éclairées
pour ne pas sortir de la Synthèse des sciences basées sur ce Principe,
ou maintenues dans une ignorance suffisante pour ne jamais discuter,
en dehors des Corps savants, cette Synthèse aboutissant à cette Unité.
Ces deux extrêmes sont presque aussi impossibles l’un comme l’autre.
C’est pourquoi, au lieu de l’inaccessible Unité,
nous verrons Moïse lui-même poser au sommet de sa Cosmogonie
l’antique Union biologique et créatrice, dans IÉVÉ.
Quant à Irshou, il ne fut pas sectaire pour avoir proclamé
l’égalité absolue des deux Principes Masculin et Féminin dans le Ciel comme sur la Terre,
mais pour les avoir séparés, alors qu’Ils sont indivisiblement et indissolublement unis,
et pour avoir proclamé la suprématie de l’Un sur l’Autre.
A l'époque où j’écris ces lignes (1884) le Judéo-Christianisme exotérique,
tel que l’ont fait les talmudistes et les théologiens,
subit les mêmes assauts de la part des naturalistes,
sectateurs inconscients d’Irshou et des Yonijas de l’Inde.
Mais la Synthèse exotérique Judéo-Chrétienne n’est pas de taille à se défendre
sans avoir recours à son ésotérisme,
prolongement rectiligne de la Religion scientifique de Ram.
Dans les premiers chapitres de ce livre, j’ai abordé à bras-le-corps ces difficultés,
et prouvé qu’on pouvait aisément enlever
toute la science moderne, tout l’Ionisme contemporain,
et les vivifier dans le Ciel des Principes doriens,
dont les Abramides et moïse nous ont transmis la Tradition.
En dehors de cette voie, que les théologiens sachent bien que,
faute de comprendre l’ésotérisme de Jésus et de Moïse, ils n’ont pas de science sociale,
ni de science cosmogonique qui soient à l’épreuve de l’examen.
Qu’ils sachent bien, une fois pour toutes,
que leurs informations et leurs enseignements sont purement primaires,
et que, de ce fait, ils sont à la merci de la maîtrise des enseignements secondaire et supérieur.
Or, ces deux degrés, qui priment le troisième,
appartiennent au monde laïque et à lui seul pour le moment.
Aussi, en donnant le même enseignement primaire à ses prêtres
et à toute la hiérarchie sociale qu’au dernier des petits enfants,
le Christianisme ainsi compris dissout-il forcément, abaisse-t-il inévitablement
toute la Chrétienté dans une attente enfantine de désir et d’amour vagues, indéfini,
que la révolution indiscontinue et sans but définitif,
contre lesquels pourtant les cléricatures protestent de toutes leurs forces.
Or, dans ces régions culminantes, d’où part la genèse des Sociétés,
la Vérité est Une comme la Science même,
ceux qui ont en charge et responsabilité du judéo-Christianisme et de la Judéo-Chrétienté,
devront pour l’atteindre passer par la voie que je leur ai tracée,
car c’est celle des Abramides, de Moïse, de Jésus.
L’anarchie n’est dans le Gouvernement Général de l’Europe,
que parce qu’elle est dans l’intellect Judéo-Chrétien.
Qu’elle cesse dans ce dernier,
et la fosse aux lions des gouvernements personnels armés les uns contre les autres,
sera vite pacifiée par l’Autorité distinguée du pouvoir.

Il faut s’attendre à ce qu’un nouvel Irshou lève, tôt ou tard, en Europe,
l’étendard sectaire qui va ensanglanter le Monde, depuis l’an 3200 avant J-C,
et entraîner de déplorables conséquences gouvernementales et sociales,
tant dans le Gouvernement Général des Sociétés que dans leur organisme intérieur.
César et pompée sont les représentants du dernier antagonisme des temples ;
le premier est ionien, le second dorien,
le premier a la couleur rouge, le second la couleur blanche.
La famille de César, se rattachant aux Yonijas de Troie, se disait fille de Vénus,
et Troie elle-même portait sur fond de pourpre la truie d’or,
cet animal hiéroglyphique étant dédié,
à cause de sa fécondité, à la Faculté plastique de la Nature.
Nous verrons plus tard que Rome fut fondée
par des schismatiques ralliés à l’Ordre arbitraire de Nemrod.
Toutes ses guerres furent, au fond, la continuation de celles du césarisme assyrien.
Quand César eut commis le crime pour lequel il périt,
quand il eut mis la tiare pontificale du sacerdoce étrusque sur sa tête,
il réunit les deux couleurs que les Papes portent encore aujourd’hui.
Quant au Césarisme lui-même,
quant à la conception du Gouvernement personnel des Sociétés,
quant à la prédominance du pouvoir arbitraire sur l’ancienne Constitution arbitrale,
gardienne des antiques libertés publiques, c’est encore l’héritage du schisme d’Irshou,
qui régit actuellement l’Europe, sans qu’elle s’en doute.
Telle est la trajectoire complète du mouvement des Yonijas
et des conséquences dans l’Histoire.

RetourPage suivante (29)